Aptitudes et développement moteur Catégories : Théories
Auteur : Alain Foltzer

Aptitudes et développement moteur


Les aptitudes sont des caractéristiques durables (génétiques) que porte un individu au moment où il aborde un apprentissage. Ce qui change dans un apprentissage, c'est la collection des aptitudes auxquelles le sujet fait appel (Fleishman, 1972).

Les ressources de l'enfant se transforme au cours de son développement de manière qualitative et quantitative : La performance varie avec l'âge et le sexe.

Garçons

Filles

Jusque vers 8-9 ans

Performances égales même si la force explosive est légèrement plus élevée chez les garçons
Jusque vers 12 ans environ, la souplesse, la coordination motrice et l'équilibre sont des aptitudes dites précoces qui sont en pleine évolution pour les deux sexes. Ce n'est qu'a partir de l'âge de 12 ans que l'écart se creuse.
La souplesse passive et active --- -
La force pure +++ +
La force explosive +++ +
La coordination (apparition de la maladresse) + +++
Toutes les aptitudes qui mettent en jeux les filières énergétiques (endurance, résistance) et musculaires (force, vitesse) sont tardives Elles évoluent parallèlement au développement pubertaire de l'adolescence (11-13 ans chez les filles et 13-15 ans chez les garçons) et leurs croissances s'accentuent au delà de cette phase. La performance est significative de leur évolution.
Vers 17 - 18 ans les aptitudes se stabilisent

(---) Forte décroissance ; (+++) forte croissance

Conséquences pédagogiques :

Nous pouvons dissocier 3 stades dans l'évolution des aptitudes motrices de l'enfance à l'adolescence.

Jusque vers 8-9 ans

Performances égales entre filles et garçons même si la force explosive est légèrement plus élevée chez les garçons. Un travail sur les expériences motrices est préconisé sans tenté de privilégier une aptitude sur une autre : les enfants ne sont de toute façon pas rapide et ne le seront pas - les exercices peuvent être d'intensité élevée mais de courte durée - inutile d'enfermer l'enfant dans le seul apprentissage de la technique - l'apporche du combat permettra le tâtonnement.

Jusque vers 12 ans

la pratique sportive pourra s'appuyer d'une part et visera d'autre part à développer qualitativement les aptitudes précoces que sont la souplesse (passive et active), la coordination motrice et l'équilibre. La performance est le résultat de leur expression .

La puissance, c'est à dire l'association de la force et de la vitesse, ne peut pas être un objectif en soi. Le non respect des consignes liées à la production d'un geste encore plus rapide et plus fort est pour l'enfant une solution difficile à satisfaire.

Exemple : Demander à un enfant de mettre du "Kimé" est une aberration pédagogique.

L'apprentissage des coups de pieds semble partucilièrement adapté à ce stade. Sans pour autant abandonner l'enseignement des coups de poings, les coups de pieds permettent une expression plus appropriée de la souplesse et de l'équilibre. Les enchaînements poings / pieds s'inscrivant dans une démarche de développement d'une coordination motrice générale plus prégnante à cet âge que la coordination motrice fine (plus tardive et propre à l'activité d'affinement postural si cher à la technique et donc de surcroît au kata).

La puberté

La puberté est un passage critique, une mutation du corps de l'enfance vers l'adolescence. Physiquement, on observe une poussée de croissance.

Affectivement, c'est l 'apparition de la maladresse.

Le corps de l'enfant se met à grandir dans un premier temps sur la plan osseux puis dans un deuxième temps sur le plan musculaire. Ceci n'est pas sans conséquence sur la pratique sportive. L'enfant qui pratique depuis un certain nombre d'années se trouve confronté à une perte de repère. Les jambes et les bras s'allongent, alors que les muscles dont la croissante n'est pas synchrone, sont obligés de faire bouger un corps qui a besoin de plus de force (les bras de levier augmentent). Les gestes deviennent lent et moins précis, la douleur et la fatique musculaire s'installent rapidement lors de la réalisation de certains gestes contraignants : Les positions basses comme Zenkutsu dachi, Shiko (kiba) dachi ou en appuis sur une jambe comme Neko achi dachi deviennent douloureuses et difficiles à garder. L'élève cherche plus à se soulager en se relevant même si les consignes ont été intellectuellement intégrées.

Sur le plan pédagogique, il ne faut pas insister auprès des élèves et exiger une précision dans le geste ni chercher à renforcer les chaînes musculaires mise en jeu sous peine de créer une perte de motivation. Il faut laisser le temps nécessaire à l'élève pour se reconstruire (au moins une année).

Ce n'est que vers la fin de la puberté que la croissance musculaire s'effectue. La quantité de muscles s'ajustant au besoin physique d'actionner les nouveaux bras de levier que sont devenus une paire de jambes et une paire de bras plus longs, amènent l'élève a retrouver des sensations.

La force allant aussi de paire avec la quantité de muscle, la vitesse, la force explosive et la force pure deviennent des aptitudes nouvelles sur lesquelles l'enseignement peut maintenant s'appuyer.

Un deuxième aspect caractéristique de la puberté est l'apparition de la maladresse. Elle est l'expression visible de la représentation (subjective) que l'adolescent se fait des mutations non contrôlée de son corps (nouvelles formes, nouvelles sensations, nouveaux désires). La maladresse est en quelque sorte une interférence affective qui vient parasiter le bon déroulement de l'action. La peur de prendre un coup, le rejet du contact avec le partenaire sont plus prononcés qu'auparavant. La recherche de la performance sportive durant la période pubertaire génère un paradoxe. L'adolescent a besoin d'évoluer à l'intérieur de repères qui peuvent lui permettre de valoriser son image propre (le grade, la compétition) alors que la décroissance de certaine aptitudes (perte de souplesse, lenteur) ou leurs développements tardifs (force, vitesse) deviennent des critères d'exigences croissants dans la pratique (règlement de compétitions, grades). L'adolescent réagit mal aux échecs alors que son corps génère des maladresses.

L'attitude de l'enseignant est primordiale, son rôle consiste plus à dédramatiser cette période en expliquant à l'élève ce qu'il lui arrive et en mettant la performance de coté quelques temps. D'un point de vue des effectifs, cette phase est catastrophique pour la fédération (les clubs), les débutants sont rares et les abandons sont nombreux (cf /Statistiques FFKDA).

Le sport en général fait souffrir un corps qui se fatigue vite. Les écarts de performance s'accentuent entre élèves de même âge puisque les stades d'évolutions ne respectent pas les dates anniversaires (à deux ans prêts, deux compétiteurs peuvent être dans la même catégories). Ceci rend encore plus difficile l'accès à la victoire. Il est évident que lorsqu'un combattant adolescent tente de gagner face à un adversaire devenus qualitativement plus fort, plus rapide, plus endurant et plus puissant, les chances de réussites sont moindres.

Et le désir de reconnaissance, d'attribut, de confiance en soi si chère à l'adolescent s'efface avec les licences...



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